Le musicien Vagabond

C'est par une douce matinée que la ville s'éveilla. La lune venait juste de céder sa place et le jour faisait peu à peu surface. Chaque habitation ouvrit lentement ses yeux pareil à un enfant en manque de sommeil. Le cliquetis des volets résonnait dans sa tête comme une mélodie enchanteresse. Les notes dansaient autour de lui, heurtant les quelques passants dans l'euphorie la plus totale. Cet homme avait l'étrange faculté de pouvoir transmettre sa joie de vivre et sa bonne humeur à ses proches. Son nom n'est autre que Kaoru Yunzaki, le musicien vagabond.

Kaoru a vécu depuis toujours dans le monde de la musique : ses parents étant des mélomanes affirmés, il fut instruit depuis le plus jeune âge à cette culture bien particulière. A six ans, il organisait déjà des concerts de piano pour la plus grande joie de sa famille. Surdoué, il décida d'apprendre le violon et ce fut un réel succès. Il avait désormais développé un sixième sens qui lui permettait de vivre sa vie à travers la musique et de pouvoir jouer de n'importe quel instrument. Lorsqu'il souffla ses quinzième bougies, une émission de télévision commença à s'intéresser à lui et ils voulurent faire un reportage. Ce dernier eut un succès fou et cela attira les maisons de disques.

Mais, deux mois passèrent et il travaillait encore sur son premier album. Il faisait attention aux moindres détails et ses chansons se rapprochaient de la perfection. Cependant, l'île de Kaoru fut envahie par une horde de pirates qui massacrèrent tout sur leur passage. Ils ôtaient les vies de milliers d'innocents avec un sourire démoniaque. Deux hors-la-loi s'approchèrent de Kaoru mais ses parents s'interposèrent et furent décimés comme beaucoup d'autres avec pour derniers mots :

"Pars et vis ta vie comme bon te semble. Sors toi de pétrin et fais en sorte que ton talent nous parvienne jusqu'aux cieux."

Il sortit son violon et joua quelques notes mélancoliques pour marquer la fin de son ancienne vie. Il put grimper sur un navire de sauvetage avant qu'un autre désastre ne se produise. Les larmes coulaient sur ses joues charnues. Kaoru essuya ses larmes d'un coup sec de la langue puis se fit alors la promesse qu'il deviendrait plus fort pour protéger ceux qu'il aime et qu'il combattrait avec sa meilleure arme : la musique. Il vécut ensuite à Fairyhers où il démarra sa nouvelle vie. Il se fit rapidement des amis sur qui il pouvait compter. Désormais, son travail consistait à apporter de la joie aux passants. Il arpentait alors les rues et avenues en jouant du violon et en dansant auprès de tous. Presque tout les gens de cette île le connaissait et il continuait à égayer le quotidien des piétons. Chaque jour, il allait désormais s'entraîner au combat dans la montagne et il développa rapidement un style de combat bien à lui : le kigaku. Cet art consistait à se battre avec les instruments : il jouait de la musique et les notes s'envolaient, heurtant les obstacles qui se dressaient devant lui en les endormant, les paralysant, en les empoisonnant ou même en les tranchant. En fonction de l'air qu'il jouait, les notes avaient une fonction bien particulière. Un air mélancolique, dramatique, joyeux ou entraînant, qu'importe la nature, on dit bien que la musique adoucit les mœurs...

[Je posterais une suite régulièrement pour ceux que cela intéresse. Disons environ toutes les semaines... Les remarques seront par message privé. J'attends des réactions!]

Ce matin, Kaoru commença son cheminement habituel dans les rues de Fairyhers, errant et flânant sous les bâtiments. Muni de son violon, il joua son air préféré en se faufilant entre le peuple décidément bien agité. Ce fut un ravissement pour les oreilles de tous. En passant, tous donnaient une petite pièce ou un gros billet en fonction de leurs richesses. Mais qu'importe la somme, ils furent remerciés par une musique fantastique. Il s'arrêta soudainement à la vue d'une vieille dame. Elle devait avoir dans les soixante-dix ans mais cela ne l'empêchait pas d'avoir une énergie incroyable à dépenser. Elle questionna poliment le jeune homme :

"Dis moi mon enfant, tu aimes la musique?"

Kaoru n'avait même pas besoin de répondre tellement que la réponse lui paraissait évidente. La vieille dame enchaina :

"Un jour, un grand musicien m'a donné un conseil : il m'a dit avec ces mots exacts : Prends un bain de musique une à deux fois par semaine pendant quelques années et tu verras que la musique est à l'âme ce que l'eau du bain est au corps. J'étais jeune et je ne comprenais pas tout à fait ce qu'il m'avait dit. Cependant, cela avait tout de même marqué mon esprit. Et c'est justement en t'écoutant jouer du violon, que quarante ans plus tard je découvre enfin la réelle signification de cette phrase. Je t'en remercie, continue de jouer, fais toi plaisir et tu verras, lorsque l'occasion arrivera, tu sauras la saisir à point."

Kaoru entendit un léger bruit, il se retourna mais rien, la vieille dame avait disparue, elle s'était évaporée et cela intrigua réellement le jeune homme. Il continua toutefois son habituel cheminement entre tout ces gens qu'il observait. L'après-midi passa et ce fut l'heure de son entrainement quotidien. Il se hâta en arriva juste à l'heure, sous les regards déchainés des autres personnes. Il s'entraîna sans relâche, suant de grosses perles qui tombait au sol. A la fin de l'entraînement, la vieille dame était revenue. Elle tenait dans sa main droite un sac en plastique et dans l'autre, une petite mallette qui attirait fortement l'attention de Kaoru. Le musicien la questionna sans relâche et la vieille femme finit par ouvrir la valise. C'était un violon sublime qu'elle tenait désormais entre ses mains. L'archet était tout fait d'or et le violon possédait cette magnifique couleur cuivrée. Elle lui donna, sans rien en retour puis partit en douce comme la fois dernière. Le musicien lui joua, joua, joua sans relâche jusqu''à tomber d'épuisement. Cette journée fut pour lui, une des meilleures de sa vie. En effet, la musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée...

[La suite sera sans doute vers la fin des vacances vu que je pars...]